Pouvoir d'achat



Formule très usitée dans les discours politiques depuis 2007. Pourtant elle n'a aucune définition dans les dictionnaires économiques. Ce flou est d'ailleurs sa principale qualité, en effet on peut parler d'augmentation du pouvoir d'achat même lorsque les salaires baissent. Comment est ce possible? Prenons un café si tu as le temps, un exemple si t'es pressé :


Un pays X où le salaire minimum est garanti par la loi à, disons, 100 unités de l'heure. Et un pays Y qui n'a aucune législation du travail. Dans ce pays Y le salaire moyen est, mettons, de 2 unités.

De cette hypothèse nous pouvons déduire qu'un produit nécessitant 2 heures de travail coutera au minimum 200 unités s'il est fabriqué dans le pays X et, en moyenne, 4 unités s'il est produit dans le pays Y.
Nous voilà avec deux productions que nous admettrons de qualités équivalentes. L'une, produite dans le pays X, coutant environ 50 fois plus cher que son équivalent fabriqué dans le pays Y. (200/4=50) Autrement dit dit pour une même somme (ici 200 unités) nous pouvons acheter 50 produits venus du pays Y ou un seul du pays X.

Imaginons maintenant que le pays X abaisse son salaire minimum garanti par la loi à 50 unités et que, suite à des délocalisations massives, ce pays X ne produise presque plus rien, la majeure partie des choses vendues sur son territoire étant désormais importées du pays Y, qui n'a toujours pas adopté de législation sur le travail.

Les habitants du pays X ont maintenant des salaires 2 fois moins élevés qu'avant (le salaire minimum étant passé de 100 à 50 unités de l'heure) cependant, comme dans le même temps les produits disponibles sur le marché ne sont plus issus de son territoire mais du pays Y où le salaire moyen est resté à 2 unités de l'heure, les prix ont été divisés par 50 par rapport à la situation initiale (salaire minimum à 100 unités et production locale) ou par 25 comparé à la nouvelle situation (salaire minimum à 50 unités et importation depuis le pays Y). Nous pouvons donc parler d'une augmentation du pouvoir d'achat alors que les salaires ont bel et bien étaient divisés par deux.

Il est d'ailleurs conseillé de parler de pouvoir d'achat, cette « donnée » permettant d'occulter que l'augmentation des importations aura immanquablement provoqué une augmentation du taux de chômage et, surtout, que le pays X ne peut rivaliser avec le pays Y sans renoncer totalement à toute législation sur le droit du travail.

Au contraire elle incite à penser que la baisse des salaires entraine une plus grande satisfaction. La possibilité d'acheter des objets fabriqué par des être humains payés une misère (50 ou 25 fois moins que le salaire minimum jugé acceptable dans notre exemple, 1 $ par jour là bas, 9 € de l'heure ici, faites le calcul dans la réalité) étant résumé comme un accroissement de notre capacité à accéder au confort. Ce raccourci passe également sous silence tout ce qui fait que le travail dans le pays X est « cher » à savoir des cotisations qui permettent, entre autres, d'assurer aux travailleurs une retraite et l'accès aux soins.